Partager la publication "Droit à la déconnexion pour les cadres, un débat national"
De plus en plus, la ligne entre vie privée et vie professionnelle devient floue. 75 % des cadres et 39 % des salariés déclarent utiliser les nouvelles technologies pour leur usage professionnel sur leur temps personnel (UGICT-CGT). Gérer sa vie professionnelle à la maison ou en dehors des horaires de travail grâce à un Smartphone ou une tablette serait également source de stress. La faute à qui ? Aux employeurs ? Aux outils digitaux ? Aux employés eux-mêmes ? Tel est le débat !
Un premier accord en avril
Déjà en avril dernier, un accord national entre représentants syndicaux (CFDT et CFE-CGC) et patronaux avait été signé concernant une obligation à la déconnexion durant les heures de repos pour la branche des Bureaux d’études techniques, cabinets d’ingénieurs-conseils et sociétés de conseil (900 000 collaborateurs). Dans cet accord était prévue par exemple une coupure minimale de 11 heures consécutives entre deux journées de travail, ainsi qu’un repos d’au moins 35 heures le week-end (Les Echos).
Même si cet accord n’avait fait que peu de bruit en l’état. Les préconisations furent alors déformées et exagérées par la presse britannique et américaine, se traduisant par : « les Français viennent de rendre illégal le travail après 18 h » (Sylvia Di Pasquale).
Et si aujourd’hui les syndicats français étaient précurseurs et surtout pris au sérieux sur ce sujet du droit à la déconnexion ?
La CGT lance une consultation nationale
La CGT des ingénieurs, cadres et techniciens (UGICT-CGT) a à son tour lancé le débat avec une campagne pour « un droit à la déconnexion » le jeudi 4 septembre. Elle demande que le travail numérique ne soit plus dissimulé. Pour cela est exigé « un décompte, une rémunération ou une récupération de l’ensemble des heures effectués » (La Revue du digital). À cette revendication s’ajoute l’abaissement de la pression et la réflexion sur les risques psychosociaux liés à l’utilisation intensive du digital. Si cela vous intéresse de participer au débat, une consultation nationale est lancée. Une pétition est également en ligne.
Des exemples outre-Rhin
Regardons du côté allemand, puisque ce pays voisin nous est toujours proposé en comparaison dans les médias. À juste titre, souvent.
En Allemagne donc, une législation pour interdire aux sociétés de contacter leurs employés en dehors des heures de bureau est envisagée. Le projet en est encore au stade de l’étude préliminaire comme le confie Andrea Nahles, la ministre fédérale d’Allemagne. À noter que chez notre voisin germanique, il est déjà illégal pendant les vacances pour les employeurs de contacter ses équipes (Marc Reese).
Même s’il n’y a aucune certitude au devenir de cette « législation anti-stress », les résultats de l’étude tomberont en 2015. On vous tiendra au courant !
Volkswagen a par exemple décrété une trêve quotidienne de réception d’e-mails sur les téléphones professionnels entre 18 h 15 et 7 h.
Or, depuis quelques années déjà, de grands noms de l’économie allemande ont franchis le pas d’instaurer des règles. Volkswagen a par exemple décrété une trêve quotidienne de réception d’e-mails sur les téléphones professionnels entre 18 h 15 et 7 h. Également, Daimler a lancé un « assistant d’absence » chargé d’effacer les e-mails des salariés volontaires lors de leur période de congés. Bien entendu, l’expéditeur est prévenu et invité à joindre le remplaçant désigné. Enfin, depuis 2010, Deutsche Telekom s’est engagée à ne pas attendre de ses salariés une disponibilité en continu. À noter que son homologue français (France Telecom) a conclu un accord similaire la même année.
Choix imposé ou personnel ?
Et si tout simplement la déconnexion ne pouvait être imposée par une loi ou un règlement ? Même si l’on oblige ses salariés à ne pas lire leur mail après 20 h ou pendant les vacances, est-ce que cela est véritablement efficace et justifié ? Même si certains abus peuvent exister, cela ne serait-il pas avant tout un choix personnel de l’employé et une prise de conscience de sa part de son hyperconnexion ? Le débat est lancé !
SOURCES :
Les Echos – Syntec reconnaît le droit des cadres à la déconnexion – 07/04/2014
Sylvia Di Pasquale – Basher les cadres français : un nouveau sport anglo-saxon – Cadremploi – 14/04/2014
UGICT-CGT – Conférence de Presse – 22/05/2014
Marc Reese – Hyperconnectivité : vers une législation anti-stress pour le salarié allemand – Next INpact – 29/08/2014
Christine Lagoutte – Les entreprises cherchent à déconnecter leurs cadres accros à leurs smartphones– Le Figaro – 04/09/2014
La Revue du digital – La CGT réclame un droit à la déconnexion – 04/09/2014
voir aussi sur la prévention des risques professionnels des technologies de l’information et de la communication : http://www.officiel-prevention.com/formation/fiches-metier/detail_dossier_CHSCT.php?rub=89&ssrub=206&dossid=483