Aujourd’hui, nous nous intéressons à la thèse de Cindy Felio, psychologue du travail et jeune chercheuse en Sciences de l’Information et de la Communication (SIC) à l’Université Bordeaux Montaigne. Elle a réalisé une étude qualitative longitudinale ayant pour titre : « Pratiques communicationnelles des cadres : usage intensif et enjeux psychosociaux ».
Cette étude poursuit un triple objectif : « expliciter les usages du quotidien des cadres en termes de TIC », définir « les risques psychosociaux potentiellement associés à un usage professionnel des TIC » et « identifier les possibles stratégies de faire-face » (Felio, 2011).
Nous avons eu l’occasion d’interviewer Cindy Felio. En voici les propos :
Pourquoi avez-vous choisi cette thématique de thèse ?
Lorsque j’ai pris connaissance d’un appel à candidature pour une thèse associée à un programme de recherche ANR sur le thème des TIC et des risques psychosociaux, je m’y suis d’emblée projetée. Psychologue du travail de formation et vivement intéressée par les innovations techniques, l’idée de m’investir dans ce projet m’est apparue comme une évidence ! D’une part parce que la thématique des risques psychosociaux est sans cesse actualisée, eu égard à sa complexité et sa dimension multifactorielle, et d’autre part, parce que la question des usages numériques dans la sphère professionnelle est profondément contemporaine. La catégorie des cadres semble la plus exposée à cette reconfiguration du travail puisqu’elle est la plus équipée en dispositifs communicationnels par les directions d’entreprise (notamment en Smartphones, ordinateurs portables et connexion sécurisée au réseau de l’entreprise).
Quelle méthodologie avez-vous utilisée dans votre étude ?
Mon objectif consistait à comprendre comment les cadres vivent et se comportent avec ces technologies, et comment ils les pensent. C’est pourquoi j’ai opté pour une méthodologie qualitative qui offrait l’opportunité d’appréhender leur propre vécu. Pour ce faire, j’ai réalisé des entretiens de type « récit de vie » pour connaître et analyser leur histoire avec ces dispositifs. Je me suis notamment intéressée aux événements marquants (positifs comme négatifs) jalonnant leur parcours d’usagers des TIC, en mettant en œuvre la technique des incidents critiques (Flanagan, 1954) ; une méthode qui fête ses 60 ans cette année et que j’ai eu plaisir à actualiser (Felio, 2013, pp. 219-225) ! Ainsi, je me suis entretenue individuellement avec 62 cadres exerçant leurs fonctions en Aquitaine, interview réitérée un an plus tard pour identifier de possibles changements d’usages, de comportements et d’attitudes face aux TIC. En questionnant cet intervalle d’une année séparant les deux entretiens, je me suis aussi intéressée à leur vécu de « sujets d’étude » : puisque les usages numériques sont peu discutés dans les organisations, comment les cadres de l’échantillon ont-ils vécu cette expérience de mise en mots de leurs pratiques dans le cadre d’une recherche en sciences humaines ?
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