Partager la publication "DEVOTIC, les chercheurs au service de la détox digitale"
Aujourd’hui, parlons détox digitale et recherche avec DEVOTIC, l’étude coordonnée par Francis Jauréguiberry, professeur à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour et directeur du laboratoire SET (Société Environnement Territoire) au CNRS. DEVOTIC a mobilisé une quinzaine de chercheurs pendant plus de 48 mois.
Diminutif de « Déconnexion volontaire aux technologies de l’information et de la communication », DEVOTIC s’intéresse aux personnes qui utilisent les nouvelles technologies de façon intensive et parfois irraisonnée. Ces comportements engendreraient justement, chez certaines personnes, un rejet de ces technologies ; un regard critique qui les pousserait vers une déconnexion volontaire.
« L’hypothèse autour de laquelle gravite cette recherche est que la déconnexion relève d’une volonté non pas de rejet mais de maîtrise de ces technologies. »
Cette recherche vise à mieux comprendre pourquoi, comment et qui souhaite contourner cette addiction aux TIC et apprendre à mieux les maîtriser grâce à une détox digitale.
Les chercheurs se sont intéressés à plusieurs profils différents : des cadres, des voyageurs, des universitaires, mais aussi du personnel soignant et des étudiants utilisateurs de smartphones.
Nous avons choisi de sélectionner quelques-uns des résultats apportés par les chercheurs.
Les cadres
1. Plus il y a d’information, plus il leur serait compliqué de les traiter comme ils le souhaiteraient dans les temps.
2. « Ils se considèrent très connectés » et « il leur semble tout à fait impossible de ne pas l’être ».
3. « Les TIC engendrent un nombre croissant de tâches à traiter en dehors des horaires ou du lieu de travail »
4. Dans leur environnement de travail, ils ont « le sentiment de ne bénéficier d’aucun droit à la déconnexion ».
5. Pour autant, ils ont appris à développer des « tactiques d’ajustement visant à mettre ponctuellement et partiellement les TIC en suspend » (répondeur, vibreur pendant des soirée, des réunions ou autres).
Voir également notre interview de Cindy Felio sur l’usage du digital et les risques psychosociaux chez les cadres.
Les voyageurs
1. Ils considèrent la déconnexion comme un idéal qui leur permet une véritable coupure avec leur travail et leurs proches.
2. Pour eux, la déconnexion est un soulagement, « c’est une expérience physique et émotionnelle ».
3. Une certaine logique les pousse à la connexion, le « au cas-où » reste présent tout au long de leur voyage en cas d’incident ou de besoin de lien avec leurs proches.
4. Les voyageurs connaissent une certaine pression au moment de se déconnecter. Cette pression vient de leurs proches qui attendent de leurs nouvelles et comptent sur eux pour ne pas déconnecter.
5. Un phénomène apparaît : le « pacte de déconnexion », qui consiste à « déterminer plus ou moins précisément les modalités de la prise de contact, sa fréquence et parfois sa durée. »
Les universitaires et les étudiants
1. Les universitaires peuvent développer une « résistance à l’envahissement et à la pression temporelle », c’est à dire se cloisonner afin d’éviter toute distraction qui les éloignerait des urgences de leur travail.
2. D’autres optent pour l’hyperconnexion et choisissent de traiter les e-mails et tout autre information dès qu’ils arrivent.
3. Les étudiants sont divisés entre deux aspects des nouvelles technologies : « l’utilité, la dimension pratique et la facilité des applications utilisant la géolocalisation » et « la crainte diffuse que cette même géolocalisation suscite en matière de confidentialité et de préservation de la vie privée. »
4. La crainte d’étaler sa vie privée grâce à la géolocalisation est très présente chez eux.
5. Certains d’entres eux pensent qu’ils sont en capacité de contrôler et de maîtriser leur image et leur vie privée.
Vous voulez en savoir plus ? Retrouvez le résumé du rapport final de DEVOTIC ici.
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